Redoubler : Est-ce la meilleure option pour un enfant TDA ?

La décision de faire redoubler un enfant est toujours un moment difficile pour les parents, mais lorsque cet enfant présente un trouble du déficit de l’attention (TDA), cette décision devient encore plus complexe. L’année dernière, mon fils, qui est diagnostiqué avec un TDA, a dû refaire son année de CE2. Et croyez-moi, ça n’a pas été facile à accepter pour nous, ses parents.

Au départ, c’était un véritable choc. On se disait que cela allait encore plus nuire à son estime de soi, qu’il allait se sentir encore plus “nul”, comme si sa différence était encore plus marquée. D’autant plus qu’il a toujours montré une grande capacité d’apprentissage à la maison, mais à l’école, l’organisation, la concentration et la gestion du temps sont de véritables défis pour lui. Lorsqu’on nous a proposé le redoublement, il nous a fallu du temps pour digérer cette idée. En tant que parents, il était difficile de l’accepter, mais après avoir discuté avec les enseignants et la neuropsychologue qui le suivait, nous avons compris que cela pourrait finalement être une bonne chose pour lui.

Pourquoi le redoublement n’est pas toujours une mauvaise option

Tout d’abord, il est important de noter que chaque enfant est unique. Pour certains enfants TDA, refaire une année peut offrir plusieurs avantages :

1. Renforcer les bases scolaires
Lorsqu’un enfant souffre de TDA, il peut avoir du mal à suivre le rythme scolaire habituel, accumulant des lacunes au fil du temps. Redoubler lui permet de revoir certaines matières déjà étudiées, de se sentir plus à l’aise avec les notions de base, et de combler ses lacunes à son propre rythme. Pour mon fils, par exemple, revoir des leçons déjà apprises l’a aidé à se sentir plus confiant et plus compétent.

2. Créer une opportunité pour un suivi renforcé
Le redoublement permet aussi à l’enfant de bénéficier d’un accompagnement plus personnalisé. Parfois, l’école peut mettre en place des mesures spécifiques pour les enfants en difficulté, comme des aménagements pédagogiques ou un suivi plus étroit. Cela permet à l’enfant de mieux comprendre les attentes de l’école et de se concentrer sur ses progrès plutôt que sur ses erreurs.

3. Réduire la pression
Un enfant qui redouble peut se sentir moins stressé par les exigences de la classe supérieure. Si un enfant n’arrive pas à suivre le programme d’une classe supérieure, cela peut créer un sentiment d’échec permanent et d’anxiété scolaire. Refaire une année permet d’alléger cette pression et de revenir à un niveau d’apprentissage plus adapté à ses capacités.

Les inconvénients du redoublement

Cependant, il ne faut pas négliger les aspects négatifs du redoublement. L’estime de soi peut en souffrir. Un enfant TDA, souvent déjà en proie à des difficultés de concentration, peut se sentir encore plus rejeté ou incompris par ses camarades s’il redouble. De plus, dans certaines écoles, le redoublement peut être perçu comme une forme de “punition” plutôt qu’une solution bienveillante.

Il est donc important de bien peser les pour et les contre. Le redoublement ne doit pas être vu comme un échec en soi, mais plutôt comme une mesure pédagogique. Il faut vraiment prendre le temps d’en discuter avec les professionnels de santé, les enseignants, et bien sûr, les parents pour s’assurer que cette option est la meilleure pour l’enfant.

Le rôle de la neuropsychologue et des professionnels de santé

Dans notre cas, la neuropsychologue a joué un rôle déterminant dans notre décision. Elle nous a expliqué que parfois, redoubler permet à un enfant de mieux s’adapter à son environnement scolaire, en lui offrant la possibilité de se reposer sur des acquis solides avant de passer à des compétences plus complexes. Après avoir pris en compte ses conseils et ceux des enseignants, nous avons finalement compris que le redoublement pouvait avoir un impact positif sur la confiance de notre enfant. Il n’est pas devenu un élève modèle du jour au lendemain, mais il a gagné en assurance et en motivation.

Témoignages : Le redoublement, une décision personnelle

Pour illustrer les différents points de vue sur le redoublement, voici les témoignages de deux familles, chacune ayant pris une décision différente pour leur enfant présentant un TDA.

Témoignage 1 : La famille D., qui a choisi le redoublement

Marie D., maman de Lucas, 9 ans, TDA
“Quand le principal nous a proposé que Lucas redouble, j’ai eu du mal à l’accepter. Comme beaucoup de parents, j’avais peur que cela impacte son estime de soi. Il avait déjà eu des difficultés en CE2, mais il était plutôt à l’aise dans certaines matières à la maison. Nous avons mis un moment à prendre notre décision, et nous avons consulté la neuropsychologue qui le suit. Elle nous a conseillés que refaire son année pourrait être une excellente opportunité pour lui. Effectivement, après le redoublement, Lucas a montré beaucoup plus de confiance en lui. Il a pu revoir les bases sans la pression de devoir avancer à la même vitesse que les autres. C’est toujours un travail de longue haleine, mais je pense que c’était la meilleure chose à faire.”

Témoignage 2 : La famille L., qui a choisi de ne pas faire redoubler

Sophie L., maman de Mathieu, 8 ans, TDA
“Mathieu a été diagnostiqué TDA à 7 ans. Quand l’école nous a proposé de redoubler, nous avons pris le temps d’en discuter en famille et avec les professionnels. Cependant, après réflexion, nous avons décidé de ne pas le faire. Mathieu a beaucoup de potentiel, et nous avons jugé qu’un redoublement pourrait être trop difficile pour lui sur le plan émotionnel. Nous avons opté pour un suivi plus rapproché en classe et des séances de soutien scolaire. Nous avons mis en place des aménagements avec l’école et engagé un coach scolaire. Même si le chemin n’est pas facile, il progresse à son rythme et se sent soutenu. Aujourd’hui, il est plus motivé et il a moins de pression.”

Quelles alternatives au redoublement ?

Bien que le redoublement puisse être une bonne solution pour certains enfants, il existe des alternatives qui méritent d’être considérées. Parmi celles-ci, on peut mentionner :
      •     Des aménagements scolaires : Par exemple, un temps supplémentaire pour les devoirs ou des aides spécialisées en classe.
      •     Un suivi psycho-éducatif : Des séances de coaching scolaire pour l’aider à mieux s’organiser, gérer son temps, et renforcer ses compétences sociales.
      •     Une réévaluation des attentes scolaires : En fonction du profil de l’enfant, il est parfois possible de réajuster les objectifs scolaires pour qu’ils soient plus réalistes et motivants.

Comment savoir si le redoublement est la bonne option ?

Si vous êtes dans une situation similaire à la nôtre, il est essentiel de bien communiquer avec l’école et les professionnels qui suivent votre enfant. Discutez ensemble des différents types d’accompagnement possibles, mais surtout, prenez le temps d’écouter votre enfant. Parfois, il sait mieux que quiconque ce qui lui ferait du bien.

Ce qu’il faut retenir :
      •     Le redoublement peut offrir des avantages, mais ce n’est pas une solution universelle. Chaque cas doit être évalué en fonction des besoins spécifiques de l’enfant.
      •     Un suivi adapté et une discussion ouverte avec les enseignants et les professionnels de santé sont essentiels pour déterminer la meilleure option.
      •     L’estime de soi et la gestion du stress sont des points cruciaux à prendre en compte avant de prendre une décision.

En résumé, le redoublement peut parfois être une option bénéfique pour un enfant TDA, mais il est important de bien réfléchir aux conséquences émotionnelles et scolaires avant de faire ce choix. Pour mon fils, ce fut une décision difficile à accepter au début, mais aujourd’hui, je vois qu’il se sent plus serein, plus compétent, et surtout, plus motivé à continuer son parcours scolaire.